Le marché du freelancing tech : entre forte demande et ajustement des tarifs
Le marché du freelance dans la tech connaît une forte croissance mais cette dynamique crée un paradoxe : une pénurie de talents sur certains métiers clés.
Les entreprises, en quête d’expertise sont prêtes à investir pour attirer les bons profils.
En parallèle, les freelances cherchent à mieux définir et justifier leur TJM (Tarif Journalier Moyen), grâce à des outils comme notre simulateur, pour rester compétitifs.
Le TJM d’un freelance dans la Tech n’est pas qu’un chiffre : il reflète la valeur perçue d’un consultant et les tendances économiques du secteur.
Pour comprendre ces mécanismes, une enquête menée auprès de 12 000 professionnels de la tech met en évidence trois leviers majeurs qui influencent directement les tarifs :
L’expérience, gage de fiabilité et d’efficacité,
Le domaine d’expertise, certains étant plus recherchés et rares (ex. IA, cybersécurité),
La localisation géographique, qui pèse dans la négociation.
Cette étude met en lumière des écarts liés à la valorisation des compétences, et offre un double intérêt :
Aux freelances, elle fournit des repères pour ajuster leur stratégie tarifaire,
Aux entreprises, elle propose un cadre pour anticiper et calibrer leurs budgets.
L’expérience : premier facteur d’évolution du TJM d'un freelance dans la tech
Parmi les critères qui influencent directement le TJM d’un freelance dans la tech, l’expérience reste le facteur déterminant. Les résultats de l’étude sont parlants :
Un junior (moins de 4 ans d’expérience) facture en moyenne 268 €/jour,
Un confirmé (5 à 10 ans d’expérience) peut atteindre 462 €/jour,
Un senior (plus de 11 ans d’expérience) se positionne autour de 643 €/jour.
En clair, le marché valorise l’expérience de manière : un senior facture près de 2,5 fois plus qu’un débutant.
Pour les entreprises, cet écart s’explique facilement. Miser sur un freelance senior, c’est :
Réduire le risque d’erreurs coûteuses,
Limiter le besoin de supervision,
Accéder à une expertise directement opérationnelle.
À l’inverse, un profil junior est souvent recherché pour sa souplesse, sa capacité d’adaptation et son dynamisme.
Pour les indépendants, cette progression illustre une véritable trajectoire stratégique :
Les premières années servent à acquérir des références solides, affiner son expertise et construire sa réputation.
Avec le temps, le positionnement évolue vers une offre à plus forte valeur ajoutée : accompagnement, pilotage, spécialisation.
Les freelances expérimentés doivent donc apprendre à justifier et assumer ce positionnement premium. Les clients attendent plus que des compétences techniques : ils recherchent un partenaire capable d’apporter un éclairage stratégique et d’accompagner la prise de décision.
En définitive, l’expérience n’est pas un indicateur chronologique.
C’est un levier de confiance, de reconnaissance et de valorisation économique.
Le domaine d’expertise : un facteur d’inégalités
Si l’expérience joue un rôle central dans la progression des tarifs, le domaine d’expertise est aussi un critère déterminant.
L’étude met en évidence une hétérogénéité : certains métiers se situent au sommet de la grille tarifaire, quand d’autres peinent à atteindre la moyenne du marché.
En haut de l’échelle, on retrouve les spécialités rares ou stratégiques :
Ingénierie générale : 731,67 €/jour,
Gestion de projet et agilité : 698,48 €/jour,
Chimie et matériaux : 650,00 €/jour.
Ces montants traduisent la forte demande et la rareté de ces compétences à haute valeur ajoutée.
À l’inverse, certaines spécialités se situent dans la partie basse du classement :
Génie civil (ingénieur travaux/OPC, BIM Manager, ingénieur génie électrique…) : 169,60 €/jour,
Électronique : 419,86 €/jour,
Design (UX/UI, modélisation 3D, direction artistique…) : 423,46 €/jour
Entre ces extrêmes, une large diversité de profils occupe le milieu de la grille :
Développement (fullstack, front-end, back-end, mobile) : 485,00 €/jour,
Data (data scientist, data engineer, data analyst, architecte Big Data) : 533,29 €/jour,
Infrastructure (systèmes, réseaux, cybersécurité) : 555,77 €/jour,
Industrie (ingénieur produit/process, qualité) : 565,00 €/jour,
IT & logiciels (architecte logiciel, ingénieur télécom, consultant SI, chef de projet) : 629,15 €/jour,
Mécanique et physique (calcul, simulation, électromécanique, mécanique des fluides) : 517,00 €/jour.
Cette disparité révèle une hiérarchie implicite des compétences dans la tech, façonnée par deux facteurs :
La rareté des profils : plus une expertise est difficile à trouver, plus elle est valorisée.
La valeur stratégique perçue : un chef de projet agile ou un ingénieur généraliste impacte la compétitivité et l’innovation, alors qu’un profil orienté exécution est considéré comme plus facilement substituable.
Pour les freelances dans la tech, le choix du domaine d’expertise est un levier stratégique.
Se positionner sur une spécialité rare garantit des revenus supérieurs à la moyenne. À l’inverse, évoluer dans un secteur très concurrentiel impose de miser sur d’autres différenciateurs : qualité de service, relation client ou spécialisation de niche.
En résumé, le domaine d’expertise agit comme un accélérateur ou un frein sur le TJM. Il structure les écarts de rémunération et reflète la manière dont les entreprises hiérarchisent les compétences selon leur impact et leur rareté.
La localisation d’un freelance dans la tech
La localisation géographique est le troisième facteur dans la fixation du TJM des freelances tech.
L’étude montre des écarts entre les missions réalisées en Île-de-France, en province ou à l’étranger.
En Île-de-France le TJM moyen est de 613 €.
La région concentre des sièges sociaux de grandes entreprises. Les budgets y sont plus élevés et la compétition pour attirer des freelances qualifiés est intense. Pour beaucoup d’indépendants, Paris et sa région offrent des missions bien rémunérées.
La province suit de près avec un TJM moyen de 582 €. L’écart avec l’Île-de-France reste limité
(à peine 5 %).
Les grandes métropoles régionales – Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes – tirent le marché grâce à leur dynamisme économique et leurs pôles technologiques en croissance.
Pour les freelances dans la tech, s’implanter en région combine attractivité économique et qualité de vie, sans la pression propre à Paris.
À l’international, le constat diffère avec un TJM moyen de 459 €, les freelances constatent une baisse par rapport aux standards français (près de 25 % d’écart avec l’Île-de-France).
Plusieurs explications existent : concurrence internationale, marchés moins matures dans la valorisation des freelances, ou différences de pouvoir d’achat influençant les budgets. Travailler à l’étranger peut enrichir l’expérience, mais financièrement, le marché français reste plus avantageux.
En résumé, la localisation ne se réduit pas à une adresse. Elle reflète un contexte économique, des structures de coûts et des attentes clients spécifiques. Un freelance qui choisit son implantation doit intégrer ce paramètre dans sa stratégie tarifaire. À l’international, la compétitivité passe par la spécialisation ou la différenciation. En France, elle repose sur un marché mature, prêt à rémunérer des compétences rares.
Conclusion : trois leviers à maîtriser pour piloter son TJM
Cette étude menée auprès de plus de 12 000 freelances de la tech pose un constat clair : le TJM reflète l’entrecroisement de trois dynamiques clés — l’expérience, le domaine d’expertise et la localisation géographique. Ces facteurs structurent en profondeur le marché du freelancing IT.
Pour les indépendants, ce baromètre est un véritable guide stratégique. Il permet d’identifier les marges de progression, de repérer les spécialisations les plus valorisées et de comprendre l’impact de son implantation sur ses revenus. Autrement dit, maîtriser ces données, c’est mieux orienter sa trajectoire professionnelle, négocier avec assurance et bâtir une carrière durable dans la tech.
Pour les entreprises, ces résultats apportent un éclairage sur les réalités économiques du marché. Recruter un freelance ne revient pas à combler un besoin ponctuel : cela implique de prendre en compte la valeur de son expérience, sa spécialisation et son contexte géographique.
Les freelances qui parviennent à maîtriser ces trois dimensions ont un avantage : la capacité à orienter leur carrière et fixer leurs tarifs en cohérence avec la valeur qu’ils apportent.