L’ensemble des élevages agricoles et les engrais chimiques seraient responsables de 55 % de la pollution de l’air lié à l’activité humaine. Cette étude de l’Institut de la Terre à l’Université de Colombia est inquiétante. D’autant plus que 50 % de la consommation d’eau est liée à l’irrigation agricole en France. Par comparaison, au niveau domestique, cela représente 24 %. Par ailleurs les enjeux agricoles sont nombreux. En effet, la productivité et la qualité de la nourriture que nous retrouvons dans nos assiettes sont des préoccupations du même ordre. La Terre compte 7,5 milliards d’habitants. En 2050, elle en comptera 9,7 milliards (source les Echos). Il est donc primordial d’être en capacité de nourrir l’ensemble de la population. De nombreuses entreprises et startup ont saisi l’enjeu agricole, social et environnemental et se sont positionnées sur le marché.
Par conséquent, nous avons donc décidé de dédier cet article à l’agriculture connectée et au big data que cela entraîne. Les nouvelles technologies permettent d’augmenter la productivité, réduire la consommation d’eau et l’utilisation d’engrais entre autres.
Qu'est-ce que l'agriculture connectée ?
Emmanuel Diner, fondateur d’« Agriculture Connectée Magazine » a donné la définition suivante : “l’Agriculture Connectée, représente l’ensemble des technologies et des services qui permettent de faire fonctionner ensemble les outils agricoles, ou qui sont utilisés par ces mêmes outils, par un lien non mécanique”. Pour résumer, des outils parfois utilisés de façon indépendante sont désormais intégrés à un seul système centralisé.
Par exemple, il existe dorénavant des stations météo connectées. Les cultures peuvent subir différentes maladies comme la fusariose et la septoriose. L’agriculteur reçoit en temps réel les informations et peut décider ou non de traiter ses cultures car il a accès aux données météorologiques.
Le big data est à la base du fonctionnement des objets connectés. Il désigne la collecte, la transmission et la gestion de données numériques générées. Un mécanisme rendu possible grâce à un ensemble de capteurs électroniques, de modules de communication sans fil (par Bluetooth ou Wifi), réseaux téléphoniques (3G, 4G…), de systèmes de géolocalisation par satellite (GPS). On les retrouve dans les tracteurs, les machines de récolte, les drones, les robots de traite et d’alimentation, les animaux. Les données collectées sont par la suite à la disposition de l’agriculteur qui les analyse et les traite.
Les innovations de l’agriculture connectée
Le milieu de l’agriculture connaît de nombreuses modifications. Entre autres par l’apparition de nouveaux acteurs autour de l’AgTech. En effet, de nombreuses startups ont pris peu à peu position sur des poches de marché qui n’existaient pas jusqu’alors. La position de certains acteurs à donc été bouleversé. D’après InVivo (premier groupe coopératif agricole français), 4 millions ha supplémentaire contre 150 000 ha actuellement peuvent être gérés à l’avenir en agriculture de précision en France (sur un total de 15 millions d’hectares de cultures annuelles).
Ces nouveaux enjeux créent de réelles opportunités business sur lesquelles surfent les startups mais également les PME.
Une révolution est en marche
C’est le cas de la startup VotreMachine. Les outils agricoles sont parfois onéreux et sont utilisés à une période bien précise de l’année. Cette plateforme collaborative permet de rentabiliser un achat par la location entre agriculteur. Ou encore, par opposition permettre à un utilisateur de louer le matériel. Côté PME, Parrot se positionne aussi comme un acteur du marché en mettant à disposition des drones agricoles aux capacités nombreuses. Pour n’en citer que quelques-unes : analyse de la santé du végétal, cartographie des sols, surveillance de troupeaux, vidéo en direct du vol… Par l’analyse des données, l’agriculteur optimise ses consommations d’eaux et de fertilisants.
L’agriculture de demain (aujourd’hui parfois), c’est aussi des parcelles agricoles de tailles réduites et des usages locaux (famille, ville, région.) Lorsque l’on parle de micro-ferme, on parle de parcelle de moins d’un hectar. Il s’agit d’un agrosystème à la fois naturel et très productif, qui fonctionne avec un recours minimal aux énergies fossiles.
La start-up MyFood a créé une serre connectée de 24m2. Cette dernière permettrait sans l’usage de pesticides de nourrir une famille de quatre personnes à l’année. Elle peut être installée avec des panneaux solaires. L’empreinte carbone peut alors fortement réduire. De plus, la serre est pilotable à distance. Les données de la serre sont directement reçues sur Smartphone PC ou tablette. Le big data est encore une fois à l’oeuvre. L’ensemble des serres installées par MyFood transmettent leurs données quotidiennes à une base de données centrale. Des algorithmes neuro-mimétiques extrapolent des comportements et apportent un appui, une aide transparente à la gestion. Dès lors que le nombre d’utilisateurs augmente, les données récoltées croissent. Entraînant par conséquent un affinage des modèles de gestion obtenus par les algorithmes.
Les outils d'aides à la décision
D’après l’UIPP (union des industries de la protection des plantes), il y aurait une soixantaine d’OAD (outils d’aides à la décision) à la disposition des agriculteurs. Les objectifs de ces derniers sont de réduire les maladies, l’impact des insects, l’optimisation des engrais et de l’eau. On retrouve différent appareils autour l’IoT comme les drones, les capteurs embarqués et les satellites. Les outils de traçabilité quant à eux, permettent d’obtenir des suivis des interventions pour les aspects réglementaires ainsi que pour le suivi de son matériel. Par exemple, un agriculteur peut avoir le niveau de carburant d’un de ses appareils via son smartphone. Quid des de l’IoT autour des animaux d’élevages ? Il existe des colliers connectés pour les vaches ou encore les moutons. Ce collier améliore le suivi du bétail (température, géolocalisation…). Selon certains agriculteurs, cela améliorerait leur qualité de vie et la qualité du lait des vaches.
Les enjeux environnementaux et économiques
Nous constatons que les enjeux économiques et environnementaux sont présents dans l’ensemble des différents projets cités cité ci-dessus. Les différents acteurs du marché agricole connaissent une prise de conscience généralisée. « Je ne cessais d’entendre autour de moi que nous étions des pollueurs. » dit Charles Guenard extrait du journal Le Figaro le 28 février dernier. Soucieux d’améliorer son empreinte environnemental et d’améliorer sa productivité, il s’est tourné vers des outils de OAD, de traçabilité… Outre les consciences individuelles des agriculteurs et consommateurs, des instances telles que la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) alertent sur l’environnement agricole. Selon cette dernière, en l’absence de toute modification des modes de consommation et de production, une augmentation de près de 60 % de la production alimentaire actuelle serait nécessaire d’ici 2050 pour répondre aux besoins liés à l’accroissement de la population mondiale.
De nombreuses entreprises et startup ont saisi l’enjeu économique. Cette année, les 23, 24 et 25 février ont vu l’organisation de la 4ème édition de Agreen Startup à la Maison des chambres de l’Agriculture. De nombreuses startup présentent leurs projets autour de l’innovation technologique agricole. Une véritable dynamique autour de l’IoT et du big data se développe. L’usage des outils du Web et du smartphone s’est largement répandu dans les exploitations. Il y a plus de 85% des agriculteurs connectés à internet selon une étude BVA publiées en 2015.
Ces nouveaux business autour du big data et de l’IoT répondent à différents enjeux environnementaux et économiques. Pour le premier, la réduction de la consommation d’eau, de l’usage des pesticides et de la pollution de l’air est significative. Quant au second, la hausse de la productivité, l’optimisation des dépenses énergétiques et du temps de travail représentent une aubaine pour l’agriculteur.
Qu'en est-il des données collectées ?
En revanche, il subsiste un point d’interrogation. A qui appartiennent les données collectées sur les parcelles agricoles ? De nombreux acteurs s’interrogent. François Houllier, le PDG de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a partagé son opinion. “Sur la propriété des données et leur commercialisation, il y a un véritable enjeu. L’État doit se saisir de cette thématique et appuyer les choix qui seront faits par la profession”. Coté agriculteur, la question subsiste également. “L’appareil législatif actuel n’est pas adapté à l’enjeu […]. Nos organisations professionnelles doivent s’emparer du dossier”, insiste Hervé Pillaud, agriculteur en Vendée et auteur d’un ouvrage sur le sujet intitulé “Agronumericus”.
Le 23 avril dernier lors du Copa-Cogeca (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne-Comité général de la coopération agricole de l’Union européenne), une charte a été dévoilée . Cette charte annonce que l’agriculteur est le seul maître des données collectées sur ses terres. Libre à ce dernier de choisir les utilisateurs de ses données et à leur délivrer l’autorisation de les revendre à un autre prestataire. En revanche, les effets de cette charte restent flou. Malgré une avancée en matière de protection des données agricoles, ils restent à savoir quels seront les effets concrets sur terrain.
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